9h50, la cloche sonne. Enfin l’heure de la récré ! Qui n’a pas souvenir d’avoir scruté l’horloge de la classe, impatient de voir les aiguilles se positionner sur l’heure de la récré ?Et pourtant. Certains élèves redoutent, la boule au ventre, d’être plongés dans cet espace de décompression car pour eux, c’est tout l’inverse. Ils y vivent les plus grandes pressions : coups, moqueries, humiliations, rejet. Ils évitent scrupuleusement les recoins de la cour qui sont bien connus pour échapper à la surveillance des adultes. Les toilettes, n’en parlons pas ! Ils n’y mettent jamais les pieds, et apprennent à se retenir toute la journée.

Honteux, ils se taisent et serrent les dents à chaque récréation. Ils se déprécient en silence, ne comprennent pas pourquoi ça leur tombe dessus, pourquoi eux. Ils n’osent rien dénoncer, parfois parce qu’ils finissent par croire que se sont eux les coupables, parfois parce qu’ils sont convaincus que personne ne pourra rien faire pour eux.
Et pour cause ! Quand certains arrivent enfin à dire, à dénoncer leurs bourreaux et leurs actions, il arrive qu’ils se voient sanctionner par les adultes. Je repense à ce petit Tom, 7 ans, qui s’est vu rappeler qu’il n’est pas le dernier à taper les autres, ou à cette élève de CE2 à qui on propose comme solution qu’elle prenne davantage confiance en elle. La solution est-elle vraiment à chercher uniquement du côté des victimes ?

Les enseignants ne sont pas formés à la gestion des conflits entre enfants, ni à la problématique du harcèlement. Ce manque de formation pousse aux réponses maladroites, voire malveillantes. Ne nous cachons pas derrière l’excuse de « l’école de la vie » car non, la violence n’est pas une fatalité !

Dans certaines écoles, les enseignants jouent avec les élèves pendant les récréations : apprenant ainsi aux élèves à jouer ensemble, à se respecter et à suivre les règles. Les bienfaits sont nombreux, entre autres sur la relation élève-enseignant. Peut-être faudrait-il aussi repenser l’organisation spatiale d’une cour de récréation pour faciliter la cohabitation des espaces de jeux et répondre aux différents besoins des élèves.

Cécile Viénot